C’est en voulant prendre le contrepied d’un projet de fontaines pour enfants, lors d’un Erasmus en design industriel à Montréal, que me vient le désir de produire des systèmes hydrauliques. Je pensais alors à un assemblage de plaques pouvant être mises en mouvement par le déplacement de personnes et fonctionnant avec un minimum d’eau. À mon retour en Belgique, n’ayant pas les moyens techniques pour réaliser une telle fontaine, je me suis concentré sur plusieurs maquettes à différentes échelles mettant en scène la poétique du mouvement de ce projet. Elles étaient dépourvues d’eau et donc n’étaient pas encore des fontaines. J’ai réfléchi à comment les rendrent mobiles. Au-delà du mouvement, celles-ci entrent en déambulation dans la ville et ainsi ouvrent un dialogue avec les différents endroits où elles passent plutôt que de rester stationnaires. Mon projet de fin d’études présente différents dispositifs de fontaines mobiles hybridant des forces mécaniques et hydrauliques pour déplacer et mettre en mouvement à la fois le contenant et le contenu. Le mouvement de la fontaine génère l’énergie nécessaire à l’écoulement de l’eau. Ce sont des croisements «mécaoliques», la contraction des mots mécanique et hydraulique. Pour imaginer différents prototypes et de manière à mettre en place différentes contraintes, j’ai mis au point un tableau de croisement rassemblant des listes de principes hydrauliques et mécaniques. À chaque croisement se trouve une case, vide ou pleine, qui représente un possible prototype de fontaine mobile, fonctionnel ou impossible, concret ou rêvé, en cours de réalisation ou terminé. Chaque hybridation conduit à l’entrelacement de deux appellations pour créer un nouveau nom. Plusieurs enjeux sont apparus et se sont confirmés durant l’année. D’abord, déplacer des objets, des corps et de l’eau dans la ville, s’intégrer à la circulation, interroger l’ancrage au sol ou la mobilité de ces éléments du paysage urbain. Puis, un autre enjeu important est écologique : comprendre et désamorcer le rapport de surproduction et de marchandisation de l’eau. Enfin, apprendre à construire, fabriquer et assembler ces objets. Bref, dans la logique du «do it yourself», répondre aux besoins en sortant de la consommation normée. Par ailleurs une question qui est devenue centrale au cours de l’année : à quel point le dysfonctionnement d’un prototype permet il d’aboutir à un résultat final? Que peut exprimer la fragilité d’un mécanisme?